Certains parmi vous le savent, en 2006 Komyo In était le premier temple français a recevoir un jinja (autel) shintoiste d’un grand temple du japon Mizuya Jinja. A cette occasion, ce texte avait été écrit pour expliciter la portée de cet évènement
Les japonais sont davantage attentifs à la qualité de leur ressenti intérieur au niveau du cœur, le “kimochi” plutôt qu’aux théories ou aux dogmes, aussi ils peuvent faire coexister plusieurs approches sans conflit dans leur vie spirituelle. Un dicton dit que “les Japonais naissent shintoïstes, ils peuvent éventuellement appartenir à une autre religion durant leur vie mais à la fin ils deviennent pourtant tous bouddhistes”. Depuis des siècles, le Bouddhisme et le Shintoïsme participent ensemble harmonieusement à la vie spirituelle des japonais pour leur bonheur. Classiquement on dit que le shintoïsme s’occuperait plutôt de la vie ici-bas alors que les prières des moines bouddhistes assureraient le salut des âmes après la mort. Mais ce n’est pas si simple parce que beaucoup de temples en particulier dans le Bouddhisme Shingon ont pour vocation d’apporter par leurs rituels un mieux être dans la vie quotidienne. Autrefois le Bouddhisme a fortement influencé le Shintoïsme tant au niveau de son architecture que de ses divinités dont certaines appartiennent maintenant aux deux religions comme « Inari » dans le shintoïsme qui est appelé dans le bouddhisme « Dakini-ten» , ou encore le dieu protecteur Daïkokou (mahakala) qui est prié aussi dans les temples shintoïstes de Kasuga-jinja ou de Miwa. De nombreux temples bouddhistes au Japon possèdent sur leur terrain un petit temple shintoïste dont la divinité est rattachée au Bouddhisme qui la considère soit comme la représentation des divinités de la région, gardiennes des lieux, soit comme une manifestation concrète d’un des Bouddhas du vaste panthéon bouddhique.
Le Bouddhisme Shingon, auquel se rattache Kômyô-in, a beaucoup de points communs avec le Shintoïsme car il considère que la vie de la nature et de tout les êtres sont les différents aspects de la manifestation d’une même source, le Bouddha appelé Grand soleil, Daïnitchi nyoraï. Les shintoïstes sont polythéistes, pour eux la variété de la vie de la nature est l’expression d’un nombre infini de divinités qui expriment leurs points de vue différents. Ces deux religions ont en commun leur amour et le respect de la vie comme l’expression d’une réalité qui dépasse l’entendement humain.
Le Shintoïsme
L’homme appartient à la grande force de la vie de la nature qui lui donne sa santé et oriente son destin. Le shintoïsme est la voie des Dieux, il s’agit de retrouver en soi l’harmonie en rendant un culte aux divinités de la nature. Les objets de culte sont variés et d’origine naturelle, ils sont considérés comme sacrés car habités par des forces archaïques et sont alors entourés alors d’une corde en paille de riz tressé, le « Shiménawa » dans lequel sont insérés des papiers découpés. De même le caractère sacré d’un lieu est signifié par l’installation
d’un portique appelé, « Torii » qui signifie que l’on entre dans le domaine d’un dieu. Épée mythique, rochers, montagnes sacrées, cours d’eau, vieux arbres millénaires, pierres aux formes magiques et parfois, même de simples objets d’usage courant comme des aiguilles ou des outils peuvent faire l’objet d’un culte ou d’une cérémonie. En toutes circonstances, il convient donc de traiter les objets avec respect car ils peuvent être considérés comme l’émanation ou la représentation concrète d’une force issue du monde des Dieux du ciel ou de la terre, les “Kamis”qu’il convient de ne pas offenser. Pendant le culte sont offerts le riz, les fruits ou les légumes cultivés par les hommes et même le saké, la boisson des Dieux. Les offrandes acceptées assureront le lien entre le monde visible des hommes et le monde invisible des Dieux et la succession des saisons se
fera de manière favorable pour que la nature assure la continuité de la vie. Le shintoïsme divinise le quotidien, retrouver la pureté et l’harmonie est particulièrement important au commencement d’une période de temps ou d’une entreprise pour écarter les obstacles et attirer les bonnes grâces des Dieux. Par exemple un prêtre viendra purifier les lieux au début de la construction d’une maison et une fois le travail fini, une autre cérémonie sera effectuée pour les remercier. De même au début de l’année les Japonais vont en nombre prier dans les temples bouddhistes et shintoïstes appelés “Jinja” pour voir exaucer leurs vœux et que la nouvelle année se passe bien. De nombreuses usines ou entreprises ont à l’entrée de leur domaine un autel shintoïste censé les protéger des mauvaises influences. Fréquemment des petits autels sont installés dans les bureaux ou chez les commerçants et même des talismans dans les trains. Quel que soient les circonstances, il s’agit toujours de purifier le cœur de l’homme, les objets ou les lieux pour retrouver le lien avec la nature et le monde spirituel.
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