Connaître son cœur tel qu’il est

Connaître son cœur tel qu’il est

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«Connaître son cœur tel qu’il est»
par la science et la religion

 

(Kômyo-in , novembre 2019, par Yukai et Yusen)

 

Un simple plaisir ne dure qu’un instant, le bonheur peut fluctuer.
La Joie de vivre dont parlent les grands maîtres du bouddhisme est plus profonde, c’est le sentiment de participer à la grande force de vie de l’univers qu’on peut appeler Dieu, le Bouddha, la Nature.
Cette communion donne du sens à notre vie, parce qu’elle nous fait grandir intérieurement.
Ce texte explique comment fonctionne le cerveau des animaux et des humains depuis des millénaires. Cela permet de mieux se comprendre et d’apprendre à se corriger.

 

Notre cerveau primaire

 

La vie est une école où nous sommes amenés à améliorer la connaissance de nous même, à nous libérer de nos peurs et ainsi à mieux nous adapter au monde. Ce n’est pas facile de se comprendre parce que nous sommes pleins de contradictions !
Nous savons qu’il faut bien agir, pourtant il est difficile de résister à la tentation de nous comporter de manière égoïste ou de ne pas réagir par colère. D’où vient cette dualité en nous? Les religieux connaissent cela depuis longtemps et autrefois ils expliquaient ces conflits internes par les tentations des démons que la prière peut contrecarrer.
Connaître le fonctionnement de notre cerveau primaire et ses besoins permet d’éviter des pièges, des addictions. Les découvertes récentes de la neurobiologie confirme cette dualité entre un cerveau égocentré primaire très ancien et un autre plus récent plus ouvert au monde, socialisé et susceptible d’altruisme par ses connexions avec le cœur.
Les neurobiologistes comprennent mieux le fonctionnement du cerveau qui comporte trois couches qui sont plus ou moins développées selon les individus.
La première situé en son centre a été formée, il y a environ quatre cents millions d’années, bien avant l’apparition de l’homme préhistorique. Ce cerveau reptilien forme un noyau qui gère les fonctions instinctuelles primitives ( protection du territoire, goût pour l’argent, la sensualité, la domination). Il donne le goût du pouvoir et de l’action.
La deuxième est le cerveau limbique qui permet de ressentir nos émotions et celles des autres. Il est apparu avec les mammifères qui devaient prendre soin de leurs petits pendant longtemps pour qu’ils survivent. Il est développé chez les artistes, les personnes altruistes.
La troisième est situé à la périphérie, le cortex contribue à l’intelligence, la connaissance, le langage élaboré.
Pour vivre harmonieusement, nous devons utiliser en équilibre ces trois couches :

  • Si nous ressentons le monde uniquement au niveau émotionnel, nous réagissons sans réfléchir aux causes et aux conséquences, nous sommes dans l’impulsivité.
    Par contre si ce centre limbique est bloqué, nous ne nous connaissons pas nous même et nous ne comprenons pas non plus les autres. Nous n’écoutons pas notre cœur et ses envies et méprisons les émotions. Nous nous dispersons alors dans trop d’activités pour nous sentir exister parce que nous ne connaissons pas le centre de nous même, le cœur.
  • Si nous pensons le monde uniquement avec notre cerveau instinctuel primaire nous ramenons tout à nous et nous serons toujours insatisfait sans rien comprendre à ce qui se passe autour de nous, nous vivrons comme un animal avide.
  • Si nous n’avons que notre cortex nous pouvons avoir une compréhension synthétique, globale de l’univers parfaite, mais aucune volonté, aucune énergie pour faire quoique ce soit. Le désir et le plaisir sont toujours nécessaires à nous maintenir en vie, car sans eux il n’y a plus de motivations pour agir, ni envie de vivre. Kangi-ten avec ses deux corps enlacés exprime la joie du plaisir sensuel, il est une représentation symbolique du bon fonctionnement de notre cerveau qui unit le coté instinctuel à la sensibilité et l’intelligence.

 

Les cinq désirs fondamentaux

 

Depuis l’origine de l’apparition de la vie sur terre, les désirs et les plaisirs servent à développer la vie et à la transmettre par la reproduction.
La vie a commencé par l’apparition d’algues bleues puis elle est devenue de plus en plus complexe avec des animaux supérieurs dont l’homme qui est capable de réfléchir sur lui même. L’histoire du développement des espèces et de l’humanité est donc liée à celui du développement de leur cerveau.
Tout les animaux ont eu à l’origine un cerveau simple pour assurer des réactions instinctuelles, rapides et efficaces pour échapper aux prédateurs et seuls les plus forts ou les plus habiles ont vécu suffisamment pour se reproduire. Cela a permis la sélection naturelle de leurs gènes.
Nous ne sommes pas conscients que nous aussi, nous obéissons encore maintenant au programme biologique de notre cerveau primaire qui s’est formé durant des dizaines de milliers d’années. Il veut toujours perpétuer ses gènes et notre espèce, c’est pour cela qu’il suscite des désirs et du plaisir. Il veut renforcer les comportements nécessaires à la survie qui ont été si efficaces jusque là.
Les psychologues qui étudient avec des scanners les réactions des neurones dans le cerveau ont découvert les cinq désirs fondamentaux qui stimulent un cerveau animal ou humain. Ce sont:
manger, se reproduire, acquérir du pouvoir ou un statut social élevé, faire tout avec le moins d’efforts possible, et obtenir le maximum d’informations sur son environnement pour s’adapter.
Par exemple, dans la nature, les dominants d’un groupe de singes vivent en haut des arbres où les fruits sont meilleurs et mûrissent plus tôt. Les mâles supérieurs ont plusieurs femelles et les familles des dominants rejettent celles des dominés vers les branches du bas de l’arbre où c’est plus dangereux de vivre.
Tout les êtres vivants cherchent à défendre leur territoire et leurs privilèges.
Avec le temps, chez les espèces supérieures, ce cerveau a grossi et la survie a été encore mieux assurée par plus d’intelligence et une meilleure perception de l’environnement.
Chez l’homme, le cerveau est devenu plus gros et s’est fortement complexifié en formant à sa périphérie un cortex, il est devenu capable de concevoir des pensées abstraites. Il a fallu apprendre à vivre en groupes de plus en plus grands et organisés. La civilisation fit l’éloge des comportements altruistes, elle inventa la morale et la religion officielle pour socialiser les comportements, justifier la violence d’état et légitimer la domination de quelques uns sur le groupe.
La loi s’adresse à la raison, mais cela ne suffit pas à changer les comportements fondamentaux, car le pouvoir des instincts reste toujours bien présent et très puissant, et comme le dit le proverbe: «Chasser le naturel, il revient au galop». Souvent le cerveau vital continue à diriger le cerveau dit supérieur qui trouve des bonnes raisons pour justifier de céder à ses pulsions et l’intelligence au lieu de modérer les instincts sert à mieux les assouvir.
La partie archaïque du cerveau est programmée pour être toujours insatisfaite et ceci pour pousser un individu à l’action afin qu’il développe des nouvelles qualités utiles à la survie.
Elle n’est pas mauvaise en soi, mais elle est égocentrique et avide.
C’est pour cela qu’elle veut tout, tout de suite, toujours plus et elle ne voit que son intérêt immédiat. Elle est capable de tous les excès parce qu’elle ne sait pas se limiter. Elle veut profiter avec voracité de toutes les opportunités que lui offre l’univers pour en obtenir le maximum de plaisir. Elle ne pense pas aux conséquences à long terme ni pour elle ni pour les autres car elle n’est pas assez intelligente pour comprendre la nature de ce qui l’entoure et les liens de causalité qui réunissent tous les êtres. Ainsi les enfants font des caprices parce que leur cortex qui donne de la maturité à l’age de raison n’est pas encore assez développé.

 

La dopamine , l’hormone du plaisir

 

Actuellement, les neurosciences peuvent localiser précisément le lieu où naissent le désir et le plaisir, chez les animaux ou chez l’homme et savoir précisément ce qui l’apporte ou pas.
Grace à des électrodes, ils ont pu exciter des neurones dans le «Striatum», situé au centre du cerveau. Quand le cerveau reçoit l’information d’une réussite, il stimule certains neurones qui secrètent une hormone, la Dopamine, qui déclenche une forte sensation de plaisir.
La fonction du plaisir est d’encourager à recommencer une action utile à la survie.
Les trois facteurs qui déclenchent du plaisir sont: la découverte d’une chose agréable, la quantité de cette chose, le fait d’être le seul à en profiter.
Si un succès se répète, avec l’habitude il y a un phénomène d’accoutumance et le plaisir s’émousse rapidement. Il faut passer à des sensations plus fortes et parfois prendre des risques pour libérer à nouveau de la dopamine et obtenir le même plaisir.
La vie doit être une grande aventure, où il faut toujours du changement ou de la surprise pour se sentir exister! Pour changer de la monotonie quotidienne, les gens vont manger ailleurs, au restaurant ou voir des films d’action pour avoir des sensations fortes.
Cela explique aussi le goût pour le sport de compétition ou les addictions aux jeux d’argent.
Le troisième facteur est de vouloir posséder plus que les autres, même si on a déjà tout ce qu’il faut suffisamment, parce que le cerveau veut avoir l’impression d’être un privilégié, d’appartenir par vanité à une élite, d’être un dominant ce qui rejoint le critère de statut social. Ce besoin est largement utilisé par la publicité.
Le rôle de la dopamine n’est pas seulement de susciter du désir et d’apporter du plaisir mais elle renforce des liens entre les neurones pour faciliter un comportement efficace et qu’il devienne naturel, comme une habitude de vie. Par exemple se tenir debout pour un singe permet de voir le danger d’un fauve qui arrive. Le plaisir lui donne envie de renouveler ce comportement utile à sa survie. A la longue, cette nouvelle faculté devient une habitude qui va ensuite se transmettre aux descendants par les gènes et finalement une certaine espèce de singes devient les hommes.Ainsi le niveau physique et intellectuel d’une espèce s’améliore sinon elle disparaît quand les autres progressent autour d’elle. Le cerveau primaire a donc une fonction éducative qui gère les instincts, il a donc été très utile pour la protection de tous les animaux depuis leur apparition sur terre.

 
 

Les animaux et les humains ne pensent pas seulement survivre, ils sont sensibles et aimants

 

Les progrès de la science du cerveau sont impressionnants mais ce n’est qu’un début.
L’analyse des neurobiologistes paraît insuffisante parce qu’ils ont mis leurs électrodes pour tester les réactions humaines ou animales dans le cerveau primaire. Ces contacts perçoivent les réactions instinctuelles mais elles laissent de coté tout ce qui est du domaine de l’empathie, de l’amour et de la religion. La prière ou une belle musique nous rendent heureux, cela apporte du plaisir mais ce n’est pas lié à la survie du cerveau humain. Cela développe en nous l’amour des autres, l’altruisme, le sens de la beauté, parce que cela ouvre les centres spirituels du sommet de la tête (cerveau limbique).
Les hommes en groupe établissent des relations de confiance pour s’entraider et survivre, ils ne sont pas toujours dans des rapports de domination.
En général, les animaux et les humains sont capables de générosité et de dévouement gratuit pour leur progéniture et leurs amis. Parfois, ils prennent des risques pour sauver la vie de parfaits inconnus. La solidarité existe aussi entre les différentes espèces d’animaux qui s’entraident pour se nourrir. Même des lions peuvent prendre soin de petits d’animaux qui sont normalement leur proie. L’empathie et l’amour existent partout et la religion développe cette partie altruiste de nous même en essayant de maîtriser les instincts.

 

Le bienfait des ascèses

 

Un psychologue met un bonbon sur une table devant un enfant et lui dit: «je m’absente cinq minutes et tu peux le manger tout de suite. Mais quand je reviens si tu ne l’as pas mangé, je t’en donnerai deux». Il sort et une caméra surveille l’enfant resté seul. On observe son comportement et comment il lutte pour échapper à la tentation. On constate que ceux qui résistent le mieux ont aussi de meilleurs résultats scolaires, et adultes, ils réussissent mieux. Savoir se contrôler augmente la concentration et permet de hiérarchiser les besoins.
Faire un effort pour se maîtriser dans un domaine donne de la maîtrise dans un autre.
Si on prends l’habitude comme les moines de se réfréner au niveau des instincts on acquièrt un force intérieure qui permet de réaliser des buts spirituels ou mondains.
Dans la vie courante, on peut s’obliger à faire quelque chose ou à supporter des privations sans faire des excès dangereux.
Par exemple, on peut choisir de monter les escaliers à pied plutôt que de prendre l’ascenseur, ou de ne pas consommer pendant une longue période quelque chose qu’on aime bien ( café, chocolat, alcool, etc). Une très bonne ascèse est de faire un long pèlerinage à pied comme celui de Shikoku. Ou encore d’écrire au pinceau et à l’encre le sutra de Hannya shingyo un certain nombre de fois. Au Japon, on commence une ascèse en dessinant un œil d’une statue de Bodhidarma en carton, puis une fois réussi le vœux on dessine l’autre, c’est le symbole que la persévérance apporte la réussite . Au temple de Hôzanji, toutes les statues de Jizo portent des jolies bavettes rouges, faites par les fidèles avec beaucoup d’amour.
Se dévouer pour le temple ou un jinja est une ascèse très méritoire qui apporte le bonheur.
Pour obtenir le succès, il est nécessaire de penser chaque jour à son but en visualisant en détail le résultat souhaité. C’est notre pensée qui crée le succès ou l’échec, il faut la canaliser vers le positif par des milliers de petits efforts qui coûtent et qui se transformeront en une grande joie à la fin.
Un alpiniste souffre en gravissant la montagne mais à la fin lui aussi, il a une grande joie.
Le cerveau primaire apprendra que le courage et la ténacité, c’est nécessaire dans une vie et il aura le plaisir d’avoir une plus grande estime de lui.
Les gens ont parfois des addictions diverses, nourriture, alcool, tabac, jeux vidéo, qui altèrent leur lucidité et leur volonté parce qu’ils ont perdu la foi dans leur destin. Ils ne savent pas qu’ils sont des graines de Bouddhas. Ils compensent en essayant d’oublier leur frustration avec des petits plaisirs au lieu de rechercher la grande Joie. Le remède, c’est de faire des ascèses de prière, des efforts, du sport, et tout ce qui rebranche sur l’activité physique qui défoule les tensions émotionnelles.
Si on est obèse, il faut prendre l’habitude de manger une toute petite quantité très lentement en la savourant. Pour calmer la faim obsessionnelle, ce n’est pas la quantité absorbée qui compte, c’est la durée de la sensation vécue consciemment qui sature le cerveau de plaisir.
Il est possible d’étendre cette manière de vivre à tout ce qu’on fait dans sa vie et de savourer chaque moment présent avec respect comme un cadeau qu’on reçoit. C’est vivre en pleine conscience de soi et de l’univers.
A ce moment là, on découvre la joie de vivre. Si le cœur est ouvert, il augmente sa sensibilité, sa faculté d’empathie avec la vie et ressent la douceur d’une fleur, la force de vie d’un arbre, les sentiments et les pensées des petits animaux. Tout ce qui vit à une sensibilité qu’il faut respecter sinon nous perdons la nôtre.

 

L’aide de la prière

 

Les passions sont l’expression de la force de vie de l’univers qui demande à être exprimée avec justesse. Un enfant ne peut pas se développer seul, il a besoin d’être protégé, éduqué par ses parents, ses professeurs, des amis sincères.
Les hommes eux, appellent à l’aide Dieu, le Bouddha ou les saints. En prenant refuge et en priant de tout notre cœur régulièrement, un lien se crée avec le monde invisible qui nous guide ensuite à chaque instant. C’est très rassurant de ne plus se sentir seul et de pouvoir compter sur la force de la prière pour maîtriser les problèmes de la vie et assurer ainsi notre sécurité et celle de nos proches.
Par exemple, la prière adressée à Foudomyôô transforme l’énergie de la colère en sagesse, tandis que prier Aizen myoo change la passion sensuelle en créativité. Elle aide donc à être intelligent, mature psychologiquement et permet de réussir dans la vie du monde (le travail, l’amour, la famille).
Mais, le plus important est que la pratique religieuse donne une sagesse profonde qui permet de relativiser les échecs, d’accepter plus facilement l’impermanence et tout ce que nous ne pouvons pas maîtriser, ni changer,comme le vieillissement, les maladies, la mort.
Les échecs ont l’intérêt de nous apprendre la modestie et de nous détacher des attraits du monde extérieur. La perte des illusions donne de la tristesse, mais c’est ce qui nous pousse à tout remettre en question et à vouloir approfondir la connaissance de notre monde intérieur pour fonder notre vie sur du solide. La conscience de la proximité de la mort nous permet d’abandonner le moi social, pour devenir enfin nous même. Bien vivre, c’est se préparer à mourir sans regret en ayant exprimer notre amour à ceux qu’on aime.
Un bonheur stable se mérite en choisissant de ne faire que ce qui nous élève. C’est nous qui choisissons la qualité de notre vie intérieure, pas les circonstances.
C’est selon ce que nous faisons et comment nous le faisons et pourquoi nous le faisons.
Le véritable but de notre vie est d’atteindre l’éveil, et les succès mondains ne seront que des bénéfices secondaires, les étapes visibles de cette progression intérieure.

 

Une éducation chrétienne

 

Quand j’étais enfant, j’ai été élevé dans une école catholique qui m’a appris à avoir un grand idéal.
Celui d’aimer et de pardonner aux autres comme l’a fait Jésus Christ qui est mort sur la croix pour sauver l’humanité.
Pour cela, il fallait lutter contre le péché qui était tout ce qui obscurcissait le lien qui m’unissait à Dieu par son intermédiaire.
On m’enseigna qu’il y avait des petits péchés et des grands péchés, ceux-là on les appelait les péchés mortels, car ils coupaient vraiment complètement la relation avec le courant d’amour et de sagesse qui émanait du cœur du Christ vers le mien pour le sauver.
Le sauver de quoi?
Du mal, des démons, des forces obscures qui appellent à vivre dans le mensonge, dans la facilité avec hypocrisie, dans la satisfaction des vices dus à l’égoïsme, à devenir méchant et rancunier à mon tour quand on m’avait fait du mal.
Pour vivre notre cœur a besoin de rester constamment en contact avec une source pure, qui le nettoie de temps en temps parce que le monde est sale, rempli de mauvaises pensées, de mauvais désirs, sensuels entre autres, qu’il faut combattre. En vivant en Christ grâce à la communion, je peux avoir la force de le réaliser en moi, à condition de me protéger des mauvaises influences et de mettre toute ma vie au service de l’humanité,comme il la fait lui même. La vie et l’influence des saints dans l’invisible se chargeraient de me former par toutes les épreuves que je rencontrerais et qui contribueraient à me purifier des derniers désirs autres que celui de vouloir devenir un avec lui.
L’idée centrale était qu’on ne peut aimer Dieu et le monde à la fois car Dieu est transcendant, il est hors du monde.
L’idéal chrétien est celui des ascètes qui avaient renoncé au plaisir. Ils vivaient dans le désert du Sinaï et combattaient leurs passions sensuelles par la sévérité de leur vie.
C’est utile de recevoir une éducation religieuse et morale très jeune pour orienter plus tard une jeune tête irréfléchie d’ado.
Je remercie de tout mon cœur les curés qui m’ont bien éduqué et mon ange gardien.
Je crois que j’ai été toujours protégé par des forces invisibles, et à dix huit ans grâce à l’influence d’un copain de classe, j’ai commencé à m’intéresser à la philosophie orientale, au Yoga et plus tard au Bouddhisme. C’est la connaissance du bouddhisme qui m’a permis de comprendre plus tard la profondeur du christianisme. Je garde toujours un profond respect pour cette religion et quand c’est possible je vais prier dans les églises et à Lourdes, le cœur du Christianisme, où j’ai de bons amis religieux chrétiens.

 

Le bouddhisme Shingon mikkyo

 

Le Bouddha Shakyamuni fit un long jeune, durant lequel il vainquit le démon Mara et ses tentations, mais finalement il n’atteignit l’illumination que lorsqu’il accepta de le rompre en buvant un bol de lait qui symbolise la grande connaissance, le «Daigo». Ensuite, il enseigna à ses disciples que pour progresser, il faut suivre la voie du milieu, trouver le juste équilibre entre une vie ascétique sévère et la recherche du plaisir dans le monde.
Son enseignement originel se destine principalement aux moines qui doivent méditer sur le vide avec un esprit apaisé en cultivant le renoncement.
Les quatre nobles vérités sont: La noble vérité de la souffrance, l’origine de la souffrance, la cessation de la souffrance, le sentier qui libère de cette souffrance.
L’impermanence et l’attachement aux cinq agrégats de la conscience explique le caractère inéluctable de la souffrance.
Le sutra de la Prajna paramita dit que les cinq agrégats (les formes, les sentiments, les pensées, les conceptions mentales, la conscience) sont vides d’existence.
Le monde tel qu’il nous apparaît est donc une réalité construite par notre esprit.
Souffrir, c’est croire et s’identifier à des illusions, à des mirages ou à des conventions sociales sur lesquelles on a bâti une personnalité qui est, elle même, transitoire.
Pour réaliser l’illumination qui libère définitivement de la souffrance, il faut se détacher de nos représentations mentales égocentrées qui nous donnent l’impression d’exister d’une manière séparée les uns des autres.
Le grand travail de notre vie consiste à faire mûrir l’égo du cerveau primaire qui referme le cœur pour se protéger. C’est en appelant Dieu ou les Bouddhas à l’aide que l’amour spirituel peut descendre dans notre cœur et vaincre l’ignorance fondamentale égoïste de notre animal intérieur.
Le Grand Véhicule enseigne la voie de l’éveil du cœur de compassion pour tous les êtres vivants, pour que nous puissions devenir des serviteurs de l’humanité. Avec la compassion, le cœur s’ouvre, la sensibilité grandit et nous réalisons que nous avons tous le même esprit.
Le mental libéré de ses concepts, l’esprit perçoit l’univers comme un vaste océan de lumière pure, joyeuse, fraîche. Cet état de méditation donne de l’omniscience et le sens de l’unité avec toute la vie. Les maîtres du Tendai disent alors : «Dans une pensée trois mille mondes».
L’idéal du Shingon est : «Devenir Bouddha dans cette vie avec ce corps».
Cela signifie que nous pouvons transformer notre vie quotidienne en une pratique spirituelle. Aussi, nous ne devons pas rejeter la vie, car c’est seulement à travers elle et en vivant des expériences au contact des autres hommes que nous pouvons faire grandir la compassion. Le plus souvent, il s’agit de vivre avec prudence et sagesse pour éviter de faire des excès, c’est ainsi qu’on apprend à maîtriser notre partie instinctuelle.
Si tous nos actes sont fais dans la joie, avec grâce et gentillesse pour les autres, c’est
développer le sens de l’unité par la prise de conscience de la présence du Bouddha partout.
Kobo Daïshi a enseigné : «L’homme doit connaître son propre cœur tel qu’il est. Celui qui connaît l’origine de son propre cœur tel qu’il est, connaît le cœur des Bouddhas. Celui qui connaît le cœur des Bouddhas peut connaître le cœur de tous les êtres. Il peut connaître la vérité de l’univers et devenir un avec lui…Si l’homme cherche la sagesse du Bouddha et maintient constamment sa pensée en lui, il peut réaliser rapidement l’état de Bouddha avec ce corps né de ses parents». Cela signifie que si le contact avec le monde des Bouddhas devient quotidien et naturel, il permet de prendre conscience que le Bouddha n’est pas loin, il est tout prêt, il enseigne en permanence en favorisant des rencontres fortuites dans la vie pour expliquer ce qu’il faut faire ou ne pas faire.
Le Mahavairocana sutra dit que le Bouddha Vairocana est constamment en train d’enseigner la loi dans l’activité du monde, mais nous ne le percevons pas, comme l’aveugle ne voit pas la lumière, le sourd n’entends pas le tonnerre, les yeux ne voient pas le visage dans le reflet de l’eau qui est agité. Pour voir, l’activité de Dieu ou du Bouddha autour de soi, il faut être calme, attentif et humble. Nous pouvons devenir des bodhisattvas discrets qui font partout du bien sans le dire. Pour nous aider à nous purifier et suivre la voie du Bouddha, le Shingon a des pratiques puissantes.
La pratique des trois mystères du Shingon aide à suivre un tel idéal.
Il s’agit de la pratique des gestes sacrés (les mudras), celle des paroles sacrées (mantras), et les visualisations sacrées des formes des Bouddhas. Ainsi les trois causes du karma ( les actes, les paroles, les pensées) qui nous enchaînent habituellement à la matière deviennent le meilleur moyen de se libérer. Nous nous identifions aux Bouddhas des mondes supérieurs et à leur contact nous développons les quatre qualités incommensurables vis à vis de tous les êtres, l’amour, la compassion, la joie, l’abnégation infinis. Les différentes formes des Bouddhas dans les mandalas enseignent toutes les étapes de ce processus interne d’éveil progressif durant lequel se développent des corps de lumière et la sensibilité s’accroît considérablement. Il existe beaucoup de manières de servir et d’aider.
Aussi dans le mikkyo il existe Kangi-ten qui est la divinité de la joie avec deux corps à tête d’éléphant, il a fait le vœu d’aider tous ses fidèles à réaliser leurs désirs dans le monde concret. Il apporte le bonheur, la sagesse et la pureté (fuku-chi-gonjo), aussi le plus important, le sens de l’harmonie avec la vie qui est la source de tous les bonheurs. Le monsieur Vinayaka symbolise la force des instincts qui poussent à agir, alors que la dame Jiuitchimen représente la sagesse et l’amour qui l’adoucissent. Selon la tradition Indienne, les nuages ont la forme d’éléphants blancs. Leurs têtes d’éléphant indiquent donc que leur force vient de l’univers tout entier qui par l’intermédiaire des nuages manifeste sa bénédiction par la pluie.
C’est l’action de grâce qui fait tomber la pluie des mérites, les grands maîtres ne se fient pas à leur propre force, ils voient la présence de Dieu ou du Bouddha partout et le remercient sans cesse.
Mes maîtres Aoki senseï et Matsumoto senseï cultivaient la joie de vivre en remerciant le Bouddha parce qu’elle fait venir le bonheur.

 

«La joie est en tout, il faut savoir l’extraire»
(Confucius)

 

Puisque tous les vivants
A la longue
Doivent mourir
Tant que je suis en vie
Mieux vaut être joyeux.

(Recueil de poème du «Man yô shû»)

La partie scientifique de ce texte a été inspirée par la lecture du livre, «Le bug humain» du psychiatre Sébastien Bohler.

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